Femmes valaisannes: leur histoire enfin racontée

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L’association Via Mulieris cherche à valoriser le rôle des femmes dans le développement du Valais. Son colloque du 29 avril réunira plusieurs historiens.

Il n’y a pas que dans le canton du Valais que l’histoire se raconte au masculin. C’est une constante, notamment dans le monde occidental. D’ailleurs, pour mettre fin à l’omerta qui recouvrait leur rôle, les historiens français Georges Duby et Michelle Perrot ont eu besoin de quatre volumes pour raconter l’Histoire des femmes en Occident de l’Antiquité au XXe siècle, (Plon, 1991), s’interrogeant, non sans ironie : « Vouées au silence de la reproduction maternelle et ménagère, dans l’ombre du domestique qui ne vaut ni d’être compté ni d’être raconté, les femmes ont-elles seulement une histoire ? »

Donc oui, les femmes ont une histoire et même mieux : elles font partie de l’histoire avec un grand « H »!

Dans le canton du Valais, elles ont joué un rôle essentiel, dans l’agriculture notamment. « De l’entre-deux-guerres jusque dans les années 1960, beaucoup d’agriculteurs alpestres sont partis travailler dans les usines ou dans le bâtiment (construction des barrages et des tunnels), relève l’historienne Elisabeth Joris. Les femmes ont alors pris le relais et se sont occupées du bétail et d’une grande partie des travaux alpestres et des champs. » Voilà pourquoi la Valaisanne Maryline Morard, issue d’une famille de paysans de montagne, a suffoqué en 2015, en découvrant que les préparatifs prévus pour le bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération ne faisaient aucun cas du rôle des femmes. Elle a donc créé l’association Via Mulieris pour y remédier et favoriser des recherches historiques sur les Valaisannes, afin de valoriser leur rôle. « Il m’a paru essentiel que ces «grandes muettes» de l’histoire soient mises en valeur : à l’instar de leurs compagnons, elles ont été partie prenante de l’ouverture de ce canton. »

Les Valaisannes ont eu d’autant plus de mérite que, de par sa configuration géographique, ce canton a été plus qu’ailleurs enclin au repli identitaire. Ce qui a permis aux partis conservateurs et à l’Eglise catholique de maintenir longtemps les femmes dans la soumission masculine et l’oppression quand elles « s’égaraient ». Le nombre de mères célibataires qui ont dû, jusque dans les années 1960, fuir le Valais pour échapper à la vindicte de leur village …

« Les femmes ont plus qu’ailleurs en Suisse romande souffert de cette attitude conservatrice », relève Maryline Morard. Une preuve ? En 1981, les Valaisans ont été les seuls Romands à rejeter le nouvel article constitutionnel visant à inscrire l’égalité en droit et en fait de l’homme et de la femme dans la charte fondamentale. Le peuple et les cantons avaient répondu «oui» à plus de 60 % quand les Valaisans, et plus précisément tous ceux du Bas-Valais, avaient rejeté cet article sur l’égalité à plus de 54 % !

Le rédacteur en chef du Nouvelliste s’était même fendu, alors, de ce commentaire : « Le bon sens a prévalu dans le Valais », s’exclamant à propos du « oui suisse » : « Maintenant on peut s’attendre à tout. A commencer par la destruction du mariage. »

Le colloque organisé par Via Mulieris entend rendre justice aux femmes du Valais.

Véronique Châtel

Source: https://www.generations-plus.ch/?q=magazine/loisirsmaison/histoire/femmes-valaisannes-leur-histoire-enfin-racont%C3%A9e

https://youtu.be/Ld2TWzL6LZA